Les mystères de la femme de Esther HardingPréface de C. G. Jung
Caractéristiques techniquesBroché: 353 pages
Editeur : Payot (4 mai 2001)
Collection : Petite bibliothèque Payot
Langue : Français
ISBN: 978-2228894319
Présentation de l'éditeurA travers les âges, on a considéré qu’entre la lune et la femme, il existait un lien particulier. Cette croyance se rencontre partout dans le monde : chez les Indiens d’Amérique du Nord et du Sud, en Afrique, parmi les tribus primitives de l’Australie et de la Polynésie, chez les peuples aborigènes de l’Asie et les peuples plus primitifs du Groënland ; les paysans de l’Europe ont des légendes similaires qui réapparaissent dans tous les contes populaires, alors que les peuples de l’Inde, de la Chine, de la Mongolie, du Moyen-Orient, de la Grèce et de la Rome anciennes, les peuples celtiques du Nord et de l’Ouest de l’Europe ont incorporé cette croyance sur la lune au coeur même de leur structure religieuse.
En étudiant sous toutes ses formes le symbolisme de la lune, Esther Harding, psychologue américaine formée par Jung, cherche à mieux comprendre « la nature du principe de la femme ».
SommaireChapitre 1 : Les mythes et l'esprit moderne
Chapitre 2 : La Lune, dispensatrice de fertilité
Chapitre 3 : Premières représentations de la déesse Lune
Chapitre 4 : Le cycle lunaire de la femme
Chapitre 5 : La signification profonde du cycle lunaire
Chapitre 6 : L'homme de la Lune
Chapitre 7 : La Lune Mère
Chapitre 8 : La déesse vierge
Chapitre 9 : Prêtres et prêtresses de la Lune
Chapitre 10 : Le mariage sacré
Chapitre 11 : Ishtar
Chapitre 12 : Isis et Osiris
Chapitre 13 : Le sacrifice du Fils
Chapitre 14 : Renaissance et immortalité
Chapitre 15 : La lune changeante
Chapitre 16 : L'inspiration et le Soi
Extrait (p 59-60)« À l'époque où l'on adorait la lune, la religion avait pour objet les pouvoirs invisibles du monde de l'esprit et même lorsque la religion d'Etat adopta le soleil pour dieu, dieu de la guerre, des conquêtes personnelles et des choses de ce monde, les divinités lunaires demeurèrent celles du domaine spirituel. Car le culte de la lune est le culte des pouvoirs créateurs et féconds de la nature, de la sagesse inhérente à l'instinct et de la soumission à la loi naturelle. Mais le culte du soleil est le culte de ce qui domine la nature, ordonne son abondance chaotique et dispose de ses forces pour l'accomplissement des fins de l'homme. (...)
Notre attitude moderne, au 20e siècle, provient de ce renversement de l'importance accordée aux valeurs que symbolise la lune et à celles que représente le soleil. On a fini par être convaincu que l'intellect est le premier des pouvoirs spirituels et que tout serait fort bien ordonné si seulement les gens se servaient de leur intelligence. On croit généralement que les difficultés de notre époque pourraient être résolues par la seule application de lois économiques ou par quelque autre système rationnel et qu'il serait possible de rendre les gens bons au moyen de techniques éducatives. En réalité nous pensons que Dieu est intelligence et qu'il s'incarne dans l'intellect rationnel de l'homme. (...) Si l'intellect est la première des facultés, pourquoi les choses vont-elles apparemment plus mal dans le monde qu'autrefois ? »
Mon avisJ'ai trouvé le livre très intéressant... jusqu'au chapitre 5-6. Pour Esther Harding, les peuples primitifs vouaient quasiment tous un culte à la Lune et le passage à la modernité correspond au passage d'un culte lunaire à un culte solaire. Ce qui m'a vraiment plu c'est le parallèle qu'elle établit entre la psyché féminine et la manière dont les peuples primitifs considéraient la lune en tant que divinité. Selon elle, le symbole de la lune peut nous faire «
mieux comprendre la nature du principe (c'est-à-dire la loi essentielle intérieure) d
e la femme qui se trouve si dégradé et méprisé dans notre vie moderne ». Il est d'ailleurs frappant de constater à quel point certaines de ses analyses restent d'actualité même si le livre a été écrit, me semble-t-il dans les années 1950. Elle invite la femme à pleinement accepter son principe féminin pour mieux vivre les différentes phases de son cycle. Autre point qui m'a intéressée, c'est qu'elle souligne qu'«
aucun individu n'est entièrement mâle ou entièrement femelle. Chacun d'eux est fait d'un composé de deux éléments qui sont bien souvent en conflit permanent dans la psyché. » Et elle ajoute : «
tant que cet aspect personnel du problème n'aura pas été résolu, l'individu, homme ou femme, ne sera pas capable de trouver une solution aux difficultés extérieures qu'il a avec son entourage car il projettera inévitablement la partie la moins consciente, la moins disciplinée de sa propre psyché sur son partenaire ».
Esther Harding réalise au passage toute une étude des symboles lunaires, avec une influence jungienne évidente, qui est très intéressante. Ce qui m'a fait perdre un peu d'intérêt par la suite c'est la certitude avec laquelle l'auteure énonçait des faits remontant à des millénaires. Cela m'a gênée qu'elle soit si sûre de comment se passait les choses à cette époque. Il me semble que l'interprétation que l'on fait des traces du passé est toujours plus ou moins biaisée par le présent. Et il faut dire que vers le chapitre 5-6 j'avais l'impression d'avoir saisi l'essence des propos de l'auteure et que le reste du texte n'en était « qu'une » illustration. Il reste que c'est une mine d'or pour celles et ceux qui recherchent des éléments pour vouer un culte aux divinités lunaires. Je tiens à faire remarquer que pour certains lecteurs, ce que je considère comme une illustration sera peut-être l'essence même du livre. Je crois que c'est un livre très riche qui a différents niveaux de lecture (psychanalyse, mythes, symboles, etc.) en fonction de ce que l'on y cherche et sans doute du moment où on se plonge dedans.